Notes du 27 septembre 2023

Pourquoi annoter?

[…] en quoi l’écrit transforme et diversifie le répertoire d’action des communs, leur définition-même, et l’identité de ceux et celles qui y prennent part […] ? […] Ce dossier, en édition continue, se veut un appel à l’écriture comme une invitation au mouvement. Une invitation à construire un espace public où s’opèrent des rencontres singulières, des croisements inattendus. - Écrire les communs. Au-devant de l’irréversible, Sylvia Fredriksson et Nicolas Sauret

Les annotations selon un statut particulier: Un acte d’écriture à part entière :

Les communs : « Les communs sont des ressources partagées, gérées et maintenues collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser ces ressources 1 tout en fournissant aux membres de cette communauté la possibilité et le droit de les utiliser, voire, si la communauté le décide, en octroyant ce droit à tous. Ces ressources peuvent être naturelles (une forêt, une rivière), matérielles (une machine-outil, une maison, une centrale électrique) ou immatérielles (une connaissance, un logiciel). » (Source) ;
avec les communs viennent des pratiques diverses d’écriture et de publication, pratiques souvent collectives ;
décrire les dynamiques c’est les faire exister !
il est nécessaire de mettre en place des dispositifs de circulation de la connaissance, et donc d’imaginer des licences plus ouvertes : Open Access, Creative Commons ou les systèmes de validation de Wikipédia (par ailleurs criticables) ;
du hack à la reconfiguration : prototyper pour mieux faire des changements de fond. Avec l’idée de l’itération ;
« La vision que défend Sens Public depuis sa création s’inscrit pleinement dans l’idée que l’espace public se constitue dans le geste de publier. »
Mais alors pourquoi parler de ce texte dans le cadre d’un cours sur l’annotation ?… Pour au moins trois raisons :

L’annotation est donc une pratique qui permet d’enrichir sa littératie numérique, et de porter un regard critique sur nos pratiques et nos outils de lecture et d’écriture.

ex. Le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle est un très bon exemple de glose. Dans cet ouvrage Pierre Bayle engage une conversation avec son propre texte à travers de nombreux paratextes et des liens dans le livre.

Annoter un texte, c’est enrichir sa litteracie numérique. C’est converser avec l’auteur et les lecteurs.

Définition de l’annotation:

Le web est devenu plutôt un espace de consomation et de réaction au lieu d’un lieu de lecture, alors que ça devrait être des documents disponibles et structurés.

Web: un espace de lecture et d’écriture

Internet et le Web est un projet presque utopique :

le Web a été pensé comme un espace d’écriture et de publication accessible : chacun·e pouvant héberger son propre site dans son garage ;
dans les faits le Web est devenu majoritairement un espace de lecture (de consommation).
Les protocoles d’Internet et du Web sont des protocoles de lecture et d’écriture, par exemple en HTTP avec GET et POST :

GET : méthode pour demander une ressource, il s’agit d’une forme de lecture ;
POST : pour transmettre des informations, il s’agit d’une forme d’écriture.

en pratique: commenter des textes

La question de l’annotation dans l’espace numérique pose des questions nouvelles par rapport aux annotations dans l’espace analogique du papier. Nous pouvons toutes et tous nous accorder sur le fait qu’annoter un livre imprimé est très différent de l’annotation d’une page web :

le numérique ne limite pas en place : l’annotation peut être encore plus longue que le texte annoté lui-même ;
le numérique ne limite pas en copie : une annotation peut être visible par bien de personnes qu’avec un exemplaire imprimé qui sera plus compliqué à copier ;
le numérique complique les enjeux d’archivage.
Nous devons nous poser les questions suivantes :

quels sont les formats ou les dispositifs de lecture de ces textes ?
comment trouver un moyen efficient pour annoter des documents textuels

archive: un lieu de stockage (coût? qui paye?), sélection (qui décide? qu’est-ce qu’on jette ou garde), pouvoir d’interprétation

et dans le numérique ?! comment ça se passe, les archives? Ils utilisent des robots pour reconstuire les pages html, mais l’adresse ne sera pas celle du site original - ce serala copie à l’adresse de l’archive qui n’a pas les mêmes hyperliens. un objet qui est une représentation, mais qui est objet d’une autre nature ex sans css.

Pourquoi parler de standards?

Parce que pour annoter quelque chose, il faut que ce quelque chose soit défini, quelles sont ses spécificités, que l’on sache comment il se comporte.

Un standard n’est pas un protocole (protocole = règles nécessaires à l’établissement d’une communication), pas plus qu’une norme (norme = règle définie, condition que doit respecter une réalisation).

Un format informatique est une spécification technique, il structure des informations, il est le pivot entre une organisation logique et son implémentation dans un système informatique. Un fichier doit avoir un format, sans quoi il ne pourra être produit, transmis ou lu. Un format informatique est le lien entre l’infrastructure et la personne qui utilise cette infrastructure.

Hypothesis

Application pour annoter le Web

Hypothesis a été créé en 2011 par Dan Whaley, un entrepreneur et dirigeant d’entreprise. L’idée initiale d’Hypothesis était simple : trouver le moyen d’annoter des pages web et de partager ces annotations. Ce projet a été rendu possible par la création d’un groupe de travail au sein du W3C https://www.w3.org/annotation/, qui a donné lieu à un certain nombre de recommandations (Web Annotation Data Model, Web Annotation Vocabulary ou Web Annotation Protocol) qui permettent de modéliser les annotations dans des formats et des structurations basées sur des standards en vue de la réutilisation de ces annotations.

Hypothesis est une organisation à but non lucratif, elle est à l’origine d’une autre organisation, anno., une société d’intérêt public créée pour pouvoir assurer une activité économique à Hypothesis.

Il faut noter que lorsque Hypothesis est lancé, les applications d’annotation sont rares (notamment pour des questions d’absence de modèle ou de standard), ou en tout cas elles ne proposent pas un modèle aussi ouvert avec cette dimension standardisation et interopérabilité. À noter également que Hypothesis est d’abord financé par la communauté avec une campagne de financement participatif sur Kickstarter

vise à établir un standard

comparaison difficile avec d’autres outils

Il est difficile de comparer Hypothesis avec d’autres services de nature similaire, puisque les applications d’annotation se limitent souvent à quelques usages très spécifiques :

l’annotation de PDF dans pléthores d’applications ou logiciels, y compris Zotero ;
l’annotation de livres ou d’autres documents dans des applications de lecture numérique ;
des pratiques proches de l’annotation mais qui ne proposent pas une précision aussi importante.
Le fonctionnement adopté par Hypothesis permet de conserver une annotation et sa localisation même si la page web a changé (c’est-à-dire sa structure HTML). C’est toute la force de Hypothesis de proposer un algorithme puissant capable de garder l’emplacement d’une annotation.

Hypothesis est à la fois une démarche, une application, un service et une communauté. Il ne faut pas réduire Hypothesis à un outil d’annotation, il y a derrière cet outil une initiative qui vise à mettre en place un standard, ainsi que d’imaginer des usages autour des pratiques d’annotation (d’abord en milieu académique).


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